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L'argent est utile aux coalitions, on ne l'ignore pas; mais ce n'est point avec de l'argent qu'on fait les coalitions.
Quelle est celle des grandes puissances de l'Europe qui ne dépense dans une campagne active le double et le
triple de ce que vous pouvez lui offrir? Elle répand, de plus, le sang de ses sujets; mais cet élément n'entre
jamais dans vos calculs.
C'est en suivant cette politique sage et mesurée, en ayant de la prévoyance dans la prospérité, en se montrant
prêts à secourir ses amis dans le malheur, et à faire des sacrifices pour leur avantage, qu'on a des alliés. Cet
usage n'est pas le vôtre; votre seule politique, le grand Frédéric l'a dit il y a long-temps, est d'aller frapper à
toutes les portes, une bourse à la main. Mais les funestes effets de cette politique ont été démontrés par
l'expérience. Gardez donc votre or; et pour peu que vous soyez animés par l'intérêt de votre patrie, faites la
paix, et prenez dans la paix des principes modérés. Vous aurez le temps de payer votre dette et de vous assurer
la possession de ces richesses immenses que vous accumulez, de ces immenses Indes qui gémissent sous votre
domination.
On a fait au devant de vous les premiers pas pour la paix, et comment avez-vous répondu a ces avances? en
mettant, à l'ouverture du parlement, des injures dans la bouche de votre roi, en violant enfin le secret de vos
négociations, ce qui a donné le caractère le plus évident a l'intention où vous étiez qu'elles n'eussent aucune
suite.
[Footnote 75: M. Pitt avait demandé au parlement britannique un vote de 5,000,000 liv. sterlings pour engager
les puissances du continent à contracter une alliance avec le roi d'Angleterre.]
Paris, le 10 ventose an 13 (1er mars 1805). 221
Oeuvres de Napoleon Bonaparte, TOME III
Paris, le 26 ventose an 13 (17 mars 1805).
Réponse de l'empereur à la grande députation de la république italienne, venue à Paris pour lui offrir la
couronne de fer d'Italie.
Depuis le moment où nous parûmes pour la première fois dans vos contrées, nous avons toujours eu la pensée
de créer indépendante et libre la nation italienne; nous avons poursuivi ce grand objet au milieu des
incertitudes des événemens.
Nous formâmes d'abord les peuples de la rive droite du Pô en république cispadane, et ceux de la rive gauche
en république transpadane.
Depuis, de plus-heureuses circonstances nous permirent de réunir ces états et d'en former la république
cisalpine.
Au milieu des soins de toute espèce qui nous occupaient alors, nos peuples d'Italie furent touchés de l'intérêt
que nous portâmes à tout ce qui pouvait assurer leur prospérité et leur bonheur; et lorsque, quelques années
après, nous apprîmes au bord du Nil que notre ouvrage était renversé, nous fûmes sensible aux malheurs
auxquels vous étiez, en proie. Grâce à l'invincible courage de nos armées, nous parûmes dans Milan lorsque
nos peuples d'Italie nous croyaient encore sur les bords de la mer Rouge.
Notre première volonté, encore tout couvert du sang et de la poussière des batailles, fut la réorganisation de la
patrie italienne.
Les statuts de Lyon remirent la souveraineté entre les mains de la consulte et des collèges, où nous avions
réuni les différens élémens qui constituent les nations.
Vous crûtes alors nécessaire à vos intérêts que nous fussions le chef de votre gouvernement; et aujourd'hui
persistant dans la même pensée, vous voulez que nous soyons le premier de vos rois. La séparation des
couronnes de France et d'Italie, qui peut être utile pour assurer l'indépendance de vos descendens, serait dans
ce moment funeste à votre existence et à votre tranquillité. Je la garderai cette couronne, mais seulement tout
le temps que vos intérêts l'exigeront; et je verrai avec plaisir arriver le moment où je pourrai la placer sur une
plus jeune tête qui, animée de mon esprit, continue mon ouvrage, et soit toujours prête à sacrifier sa personne
et ses intérêts à la sûreté et au bonheur du peuple sur lequel la Providence, les constitutions du royaume et ma
volonté l'auront appelé à régner.
NAPOLÉON.
Paris, le 28 ventose an 13 (18 mars 1805).
Au sénat conservateur.
Sénateurs, La principauté de Piombino que la France possède depuis plusieurs années, a été depuis ce temps
administrée sans règle et sans surveillance. Située au milieu de la Toscane, éloignée de nos autres possessions,
nous avons jugé convenable d'y établir un régime particulier. Le pays de Piombino nous intéresse par la
facilité qu'il offre pour communiquer avec l'île d'Elbe et la Corse. Nous avons donc pensé devoir donner ce
pays, sous le haut domaine de la France, à notre soeur la princesse Eliza, en conférant à son mari le titre de
prince de l'empire. Cette donation n'est pas l'effet d'une tendresse particulière, mais une chose conforme a la
saine politique, à l'éclat de notre couronne et à l'intérêt de nos peuples.
Paris, le 26 ventose an 13 (17 mars 1805). 222
Oeuvres de Napoleon Bonaparte, TOME III
NAPOLÉON.
Paris, le 27 ventose an 13 (18 mars 1805).
Discours de l'empereur au sein du sénat en lui faisant part de son acceptation de la couronne d'Italie._`
«Sénateurs, nous avons voulu dans cette circonstance nous rendre au milieu de vous, pour faire connaître, sur
un des objets les plus important de l'état, notre pensée toute entière.
«La force et la puissance de l'empire français sont surpassées par la modération qui préside à toutes nos
transactions politiques.
«Nous ayons conquis la Hollande, les trois quarts de l'Allemagne, la Suisse, l'Italie toute entière; nous avons
été modérés au milieu de la plus grande prospérité. De tant de provinces nous n'avons gardé que ce qui était
nécessaire pour nous maintenir au même point de considération et de puissance où a toujours été la France. Le
partage de la Pologne, les provinces soustraites à la Turquie, la conquête des Indes et de presque toutes les
colonies avaient rompu à notre détriment l'équilibre général.
«Tout ce que nous a vous jugé inutile, pour le rétablir, nous l'avons rendu, et par là nous avons agi
conformément au principe qui nous a constamment dirigé, de ne jamais prendre les armes pour de vains [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]
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